
Special events
Bernadette Gruson en résidence
Éloge des créatrices
Samedi 31 mai à 11 h et 15 h et dimanche 1er juin 2025 à 11 h et 15 h
Du 28 avril au 30 mai, l’artiste Bernadette Gruson habitera nos espaces, à l’occasion de sa résidence de création. À l’écoute des silences, attentive aux absentes, elle s’immergera dans les interstices de l’Histoire, ces lieux trop rarement regardés, pour y écrire un parcours sensible, tissé d’ombres et de lumière.
Sa performance Éloge des Créatrices transgresse les récits figés pour faire vibrer la mémoire des artistes oubliées, les faire exister au cœur même du musée.
À l’issue de cette résidence, une version unique de l’Éloge des Créatrices vous sera offerte : un déplacement du regard, une traversée poétique, une invitation à voir autrement. Cet opus sera interprété par la comédienne Marie Line Mwabi Bouthillette, accompagnée à la dramaturgie par Annick Lefebvre.
Samedi 31 mai à 11 h et 15 h et dimanche 1er juin 2025 à 11 h et 15 h
Point de rencontre : Grand hall
Une performance unique, en mode déambulatoire, présentée quatre fois seulement!
Durée : 60 minutes
*Cette activité est offerte gratuitement aux personnes détenant un billet d'entrée. Veuillez réserver votre place.
Réservation à venir
Démarche de l'artiste
« Depuis 2014, je joue dans les musées, et j’ai pu percevoir et faire face à l’affligeante absence d’artistes femmes. Il m’est apparu donc essentiel d’en faire l’éloge. Dans cette performance, je prends le parti de mettre en lumière les oeuvres des femmes dont les histoires se sont dessinées en creux de celles des "génies". Je m’appuie sur leur invisibilité pour les rendre plus que visibles, leur faire crever les vides.
Avec Éloge des créatrices, je propose une visite de la collection sur la base des œuvres présentes - quand il y en a. Et en jouant celles absentes dans un vide laissé par une oeuvre décrochée, en miroir avec un homologue masculin de la même époque, ou en lien avec le thème de l’œuvre face à nous. Par ce renversement, le regard se déplace et découvre d’autres perspectives.
Au fur et à mesure de la visite, même si le public sait que les femmes ont toujours créé, les œuvres et les femmes prennent l’espace, deviennent de plus en plus vivantes et leur absence de plus en plus criante. Cette expérience met littéralement en lumière les vides à combler, dans les musées, dans nos imaginaires, et partout ailleurs.
L’intention n’est pas de faire un "catalogue" de femmes célèbres, mais de les faire exister pour de vrai. Je m’appuie sur la symbolique même de leur effacement pour éveiller notre conscience autant que notre joie à les vivre. Il s’agit de transgresser le récit habituel de l’Histoire avec son panégyrique "génie masculin" pour célébrer les œuvres oubliées des créatrices.
On peut dévier le cours de l’Histoire, s’ouvrir à d’autres voix/voies. N’en déplaise à Saint-Exupéry, tout est visible par les yeux. Il suffit de les ouvrir, de regarder au bon endroit, ou d’allumer la lumière s’il fait noir. Éloge des créatrices est une visite qui débloque le disjoncteur principal pour illuminer les vides plutôt que les combler.
Il y a trois ans quand je suis venue au Québec pour la première fois, j’ai été frappée par la présence des femmes, dans les musées, dans les théâtres, dans les librairies et partout ailleurs. Avec l’autrice Annick Lefebvre, c’est devenu un sujet de conversation, au sens sororal du terme, une source d’empuissancement. Les créatrices d’hier venaient éclairer nos propres combats actuels.
Car même si la place des femmes est plus enviable de ce côté de l’Atlantique, le patriarcat reste le système dominant et on ne résout pas une telle oblitération de l’Histoire par un "oups désolé, on n’avait pas vu mais promis, on ne le fera plus".
C’est une immense joie et un grand privilège de pouvoir déployer ce processus de recherches avec le MNBAQ. Après m’être immergée dans la puissante exposition Premiers jours. Œuvres autochtones de la Collection McMichael d’art canadien, j’ai fait un repérage des collections permanentes pour dessiner un parcours qui aboutira, après un mois d’écriture, à la performance Éloge des créatrices. »
Crédit photos : Marie-Clémence David