Alfred Pellan, ce rêveur éveillé, a exploré quantité de formes, de techniques et de matières, témoignant ainsi d’un besoin viscéral de créer. Un parcours à la mesure de cet artiste imprégné par le surréalisme, de la quête universelle jusqu’à l’expression personnelle, de la grande peinture à l’objet quotidien.
L’exposition plonge le visiteur dans l’univers surréaliste propre à cet artiste, l’un des plus réputés parmi les ténors de la modernité culturelle québécoise. Au cours de son séjour prolongé à Paris, de 1926 à 1940, Alfred Pellan s’est passionné pour l’espace cubiste de Picasso et l’univers surréaliste des Breton, Ernst et Miró. S’il n’a pas adhéré officiellement au célèbre groupe, préférant conserver son indépendance artistique, l’artiste a toujours été sensible à cet « état de poésie » qui, à ses yeux, représentait la quête essentielle de ce mouvement. Ce n’est qu’à son retour au Québec, dans les années 1940, que se confirme l’orientation surréaliste de son langage plastique. Si elle prend d’abord forme dans l’illustration de poésie, l’affinité de l’artiste envers ce mouvement s’étend rapidement à l’ensemble de sa production, comme l’attestent le répertoire thématique, les éléments stylistiques et les techniques surréalistes régulièrement employées.
Repères chronologiques
1906
Alfred Pelland naît le 16 mai à Québec. Vers 1930, l'artiste supprime le « d » de son patronyme.
1921
Pellan s’inscrit à l’École des beaux-arts de Québec, qui vient d’ouvrir ses portes, rue Saint-Joachim, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste.
1926
Alfred Pellan et Omer Parent sont les premiers boursiers des arts de la province de Québec. Les deux amis s’embarquent pour Paris, où Pellan fait son entrée à l’École nationale supérieure des beaux-arts.
1940
De retour au pays en raison de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, Pellan expose 161 œuvres au Musée de la province de Québec (aujourd’hui, le Musée national des beaux-arts du Québec). L’exposition Alfred Pellan, reprise en version réduite à l’Art Association of Montreal (l’actuel Musée des beaux-arts de Montréal), sera l’occasion pour l’artiste de lancer une première attaque contre l’académisme, en faveur d’un art vivant.
1944
Pellan est nommé titulaire du cours de peinture à l’École des beaux-arts de Montréal. L’année suivante, plusieurs de ses étudiants manifestent haut et fort contre l’académisme qui y règne, exigeant le départ du directeur de l’école, Charles Maillard, qui démissionnera quelques mois plus tard.
1948
14 artistes se regroupent autour de Pellan pour l’exposition Prisme d’yeux, qui est accompagnée du manifeste du même nom. Le texte, rédigé par Jacques de Tonnancour et signé par tous les artistes, traduit l’engagement de Pellan pour un art indépendant, ouvert à plus d’un mouvement artistique.
1949
Le 23 juillet, Alfred Pellan épouse Madeleine Poliseno, qu’il a rencontrée à l’été 1947 lors d’une soirée chez Jacques de Tonnancour.
1950
Le couple s’installe dans une maison centenaire à Sainte-Rose, près de la rivière des Mille Îles. Cette maison, qui a aussi abrité l’atelier de l’artiste jusqu’à la fin de ses jours, est aujourd’hui la propriété du MNBAQ.
1955
Le Musée national d’art moderne de Paris présente Pellan, la première véritable exposition rétrospective d’envergure consacrée au peintre.
1969
Le soir du vernissage d’une exposition individuelle présentée au Musée d’art contemporain de Montréal a lieu le lancement de Voir Pellan, un documentaire sur l’artiste réalisé par l’Office national du film. La soirée prendra la forme d’un happening, avec un public costumé et la projection de diapositives polychromées sur des danseurs vêtus de blanc.
1972
Le Musée des beaux-arts de Montréal et le Musée du Québec (aujourd’hui, le Musée national des beaux-arts du Québec) organisent conjointement Pellan, la première rétrospective de l’artiste en sol canadien.
1984
Alfred Pellan reçoit le prestigieux prix Paul-Émile-Borduas, la plus haute distinction en arts visuels au Québec.
1988
Avec l’accord d’Alfred Pellan, le Musée du Québec et le Musée d’art contemporain de Montréal s’associent pour monter une exposition majeure sur son œuvre peint. L’artiste meurt à Laval le 31 octobre de la même année. L’exposition Alfred Pellan, une rétrospective sera finalement présentée à Montréal, puis à Québec en 1993.
2010
Le MNBAQ reçoit en legs le fonds d’atelier de l’artiste, conformément aux dernières volontés de Madeleine Poliseno Pelland, décédée le 27 septembre. L’institution est désormais le plus important dépositaire de l’œuvre d’Alfred Pellan.
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